Les héritiers du fleuve, tome 4 : 1931-1939 by Louise Tremblay-D'Essiambre

Les héritiers du fleuve, tome 4 : 1931-1939 by Louise Tremblay-D'Essiambre

Auteur:Louise Tremblay-D'Essiambre [Tremblay-D'Essiambre, Louise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: DET
ISBN: 9782894557457
Éditeur: Guy Saint-Jean Éditeur
Publié: 2014-01-01T05:00:00+00:00


* * *

1 Veuillez prendre note, et ici je m’adresse aux puristes de l’histoire, que j’ai sciemment devancé la construction d’une route du Québec. En effet, en 1932, la Côte-de-la-Miche n’existait pas, mais aux fins de l’histoire, je l’ai mentionnée comme étant présente. Désolée pour ceux que ça incommoderait !

CHAPITRE 6

Septembre 1932, par un beau matin d’automne, chez

Gilberte qui s’apprête à partir pour l’Anse-aux-Morilles

— Voulez-vous ben me dire ce qui se passe en haut, les garçons ?

Prête à s’en aller depuis un bon moment déjà, sa paire de gants dans une main et son plus beau chapeau bien planté sur sa tête, Gilberte avait haussé le ton pour que sa question rejoigne Germain et Célestin, restés tous les deux à l’étage. Du plat de la main, elle épousseta quelques fils blancs sur un pli de sa jupe, puis elle releva la tête, s’apprêtant ainsi à insister.

— Grouillez-vous, bonté divine ! À l’heure qu’il est, Léopold doit ben commencer à se demander ce qui se passe avec nous autres.

— C’est pas moi, Gilberte, rétorqua Célestin avec une visible inquiétude dans la voix. Non monsieur ! Moi, je suis prêt, pis ma valise aussi. Elle est déjà sur le bord des marches, tu sauras. Non, c’est Germain qui veut pas s’habiller.

— Comment ça, il veut pas s’habiller ?

Irritée par ce léger contretemps, Gilberte laissa tomber son baluchon sur le plancher contre la porte, puis déposa son sac à main et ses gants sur un coin de la table de la cuisine. Elle prit aussi le temps de retirer l’épingle qui retenait son chapeau et elle rangea le tout avec mille précautions à côté du petit sac de perles noires que Lionel et Victoire lui avaient offert à Noël.

Cela faisait si longtemps que Gilberte n’avait pas quitté sa maison pour s’offrir quelques jours de détente qu’elle avait pris soin de porter une toilette soignée.

Une fois ses effets sur la table, elle quitta la pièce et monta rapidement l’escalier qui partait du salon pour se rendre aux chambres. Dans celle des garçons, Germain, boudeur, refusait obstinément de mettre les vêtements que Gilberte avait préparés pour lui. Elle les avait soigneusement déposés au pied de son lit, tout à l’heure au réveil.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

Gilberte s’était arrêtée sur le pas de la porte et, poings sur les hanches, de plus en plus contrariée par la situation, elle contemplait la scène.

Assis à même le sol entre les deux lits, toujours en sous-vêtements, Germain respirait bruyamment. À côté de lui, un pantalon entre les mains et le regard effaré, Célestin, lui, semblait dépassé par la situation.

— Tu le vois ben ! fit-il, soulagé de voir enfin apparaître Gilberte. C’est pas moi, le problème, c’est lui.

Du pouce, Célestin montra Germain.

— C’est à cause de lui si on est en retard. Oui monsieur ! On va pas manquer notre bateau, hein, Gilberte ? Je veux donc pas manquer le bateau, moi. Oh non ! Antonin m’attend pour manger chez lui. C’est à midi qu’on mange, chez nous, qu’Antonin m’a dit.



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